• ALUMNI DU MOIS •

15 décembre 2021
Ce mois-ci, nous vous proposons une rencontre avec Malikatou Hadiza Gabrielle DJERMAKOYE, ancienne élève du Lycée La Fontaine, qui nous raconte son parcours.

Pouvez-vous vous présenter ? Combien de temps avez-vous passé au lycée français La Fontaine ? De quelle année à quelle année ? Pour quelle période de votre scolarité ?
Je suis Malikatou Hadiza Gabrielle Djermakoye élève au lycée Français La Fontaine de la maternelle à la terminale, donc de 1995 à 2009. On peut dire que je suis un pur produit du lycée La Fontaine !

Quel a été votre parcours après l’obtention de votre baccalauréat ?
Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai intégré une licence Droit-Economie à la faculté de Droit de Nancy 2 persuadée de devenir notaire à la fin de mon parcours. En fin de licence, à la suite d’un stage à UNICEF Nancy, j’ai finalement fait le choix d’intégrer un Master en Economie du Développement au CERDI (Centre d’étude et de recherche en développement international) Université d’Auvergne, une référence dans le monde de l’économie du développement. Mes deux années dans cette école ont changé ma manière d’appréhender le monde qui m’entoure. Les sujets enseignés étaient très variés de la problématique de la conservation de la biodiversité à la taxation des revenus miniers ou encore au développement des villes en Afrique.
Fraichement diplômée, j’ai décidé de donner de mon temps aux autres en faisant une mission d’un an de service civique à Paris chez Etudiants et développement, un réseau d’associations étudiantes et jeunes qui aide les jeunes porteurs de projets de développement à structurer leur démarche.
En fin de mission, poussée par l’envie de retrouver le milieu académique tout en m’insérant sur le marché du travail, j’ai démarré un second master en alternance en Analyse économique et gestion des risques à l’université de Paris Saclay. Dans le cadre de ce programme, deux semaines par mois je travaillais pour le Groupe PSA (constructeur Automobile Peugeot, Citroën, DS). Au sein de la Direction du développement durable, mon rôle consistait essentiellement à animer un réseau d’experts, participer à l’élaboration du rapport extra financier du groupe et participer à l’élaboration des réponses aux agences de notation extra financières.
Malgré une carrière prometteuse, travailler dans une grande entreprise qui emploie des milliers de salariés n’était pas ce que je recherchais. Je voulais me sentir utile. J’ai donc décidé de quitter la France, m’installer au Niger en 2016 et travailler dans un domaine où j’aurai un impact dans la vie des gens.
Depuis lors, je travaille pour l’Organisation Internationale pour les Migrations, l’agence des Nations Unies en charge des questions de Migrations sur des thématiques qui me tiennent à cœur.

Quelles ont été vos motivations pour suivre ce parcours ?
A la fin de ma terminale ES, je n’avais pas vraiment d’idées claires de ce que serait ma vie dans le futur. Une personne m’avait dit que notaire était une profession lucrative au Niger et je me suis dit : « Tiens pourquoi pas ? ». Lors de mes recherches, j’ai découvert la bi-licence Droit-Economie qui offre la possibilité de suivre un double parcours sur trois ans et choisir à la fin de la licence si l’on souhaite continuer en Droit ou en Economie. L’atout principal de cette formation était la flexibilité qu’elle offrait de choisir entre le droit et l’économie mais aussi la richesse de l’enseignement. Même si je me suis finalement orientée vers l’économie, mes années de droit ont été formatrices et m’ont aidée à développer mes qualités rédactionnelles et à avoir une rigueur dans l’organisation de ma pensée ce qui a été un grand atout par la suite. Vous noterez que je ne suis pas du tout devenue notaire ! je me suis très vite rendu compte que ce n’était pas ce que j’aimais faire. D’où l’importance de toujours garder des options et discuter avec un maximum de personnes pour recueillir des avis et des conseils afin de se forger son propre avis.

Où en êtes-vous aujourd’hui de votre parcours professionnel ?
Je travaille actuellement pour l’OIM sur divers sujets en liens avec la gestion des frontières, la sécurité et la gestion de l’identité. Nous avons par exemples organisé plusieurs exercices de simulation de crise à la frontière (grandeur nature avec plus de 500 participants) pour aider les forces de défense et de sécurité à préparer la réponse en cas de crise. Nous organisons également des formations sur plusieurs thématiques à destination des policiers sur la fraude documentaire ou le respect des droits humains. Parallèlement, j’interviens occasionnellement en qualité de formatrice temporaire pour l’école de Maintien de la Paix Alioune Blondin Beye du Mali. Dans ce cadre, j’ai formé des officiers de la police, la gendarmerie, la protection civile sur les violences basées sur le genre ou encore la coordination civilo-militaire.

Par ailleurs, je suis membre fondateur et coordinatrice de l’Alliance contre les maladies non transmissibles, une association qui mène des actions de plaidoyer et de sensibilisation aux facteurs de risques des MNT. Dans ce cadre, nous organisons notamment des séances de fitness en plein air accessibles à toutes et à tous ou encore des séances d’échanges avec des lycéens et collégiens.
Quels sont vos objectifs professionnels à ce moment de votre carrière ?
Mon objectif à court terme est de continuer à développer ma carrière au sein des nations unies en occupant un poste à plus haute responsabilité tout en continuant de développer l’Alliance. Dans quelques années ma plus grande fierté sera d’avoir contribué à faire en sorte que chaque Nigérien prenne conscience de ses facteurs de risques et s’engage à faire plus de sport et adopter un mode de vie sain.

Quelles valeurs essentielles retenez-vous de vos années au lycée français La Fontaine ?
Les deux valeurs que je retiens du lycée La Fontaine sont :
La bienveillance : C’est en arrivant à l’université que j’ai pris conscience un peu tard de l’engagement et de la bienveillance dont faisaient preuve nos enseignants à notre égard. Réellement soucieux de notre réussite, ils nous ont toujours à leur manière encouragés et poussés à nous dépasser. En terminale, nous étions 9 en classe, en première année de bi-licence nous étions 150. Le jour de la rentrée, le responsable de la formation disait en mot d’ouverture « regardez la personne à votre gauche et celle à votre droite, sur vous trois, un seul passera en 2eme année » ces mots annonçaient la couleur et changeaient radicalement de l’ambiance au lycée La Fontaine. Je tiens à profiter de cette occasion pour remercier du plus profond de mon cœur l’ensemble des professeurs que j’ai eu mais en particulier M. Amada, M. Ousseini, M. Vivier, M. Maucci, Mme Boukari, M. L’hôte, M. Lanquetin pour avoir contribué chacun à leur manière à forger celle que je suis aujourd’hui.
La tolérance : Être plongée depuis son plus jeune âge dans un environnement multiculturel est une richesse inestimable. Faire ses classes au lycée La Fontaine, c’est un peu comme faire le tour du monde en étant au Niger et cela permet de s’imprégner des autres cultures, de les comprendre et de les respecter. C’est en apprenant à mieux connaître et en comprenant l’autre que l’on finit par l’aimer dans sa différence. Ces années ont fini par cultiver la tolérance et le gout de la découverte.

Que diriez-vous que votre passage au Lycée La Fontaine vous a apporté ?
Mon passage au lycée La Fontaine m’a apporté beaucoup tant au niveau personnel que professionnel. La plupart des amis que j’ai aujourd’hui sont des personnes avec lesquelles nous avons partagés des fous rires, des peurs, des angoisses au lycée Lafontaine. Au-delà de cela, grandir dans un milieu multiculturel est un réel atout qui ne s’achète pas. Par ailleurs je me souviens que lors de mon entretien pour mon poste chez PSA la dernière remarque de mon N+2 était « Je vois que vous avez étudié dans un lycée Français. Les lycées Français ont du cachet ». Il m’a par la suite confié qu’avant notre rencontre, il avait tapé mon nom sur google. A l’époque, la première suggestion était un article sur le rapport du club science du lycée La Fontaine. Nous étions deux à l’entretien final. Le LAF comme nous l’appelons affectueusement à fait la différence et j’ai été retenue.

Citez un souvenir que vous conservez du lycée La Fontaine (anecdote, événement, camarade, enseignant).
En classe de seconde et de première, je faisais partie du club science de l’école. Dans le cadre de nos travaux scientifiques menés sous la supervision de M. Rajot et M. Luc Descroix, chercheurs à l’IRD, nous avons travaillé sur le cas de deux mares Gorou bi et Gorou kirey. Situées à quelques kilomètres de Niamey, proches l’une de l’autre, alimentées par la même nappe phréatique, ces deux mares avaient des propriétés et couleurs différentes l’une était « rouge » et l’autre « noire ». Pour comprendre pourquoi nous avons pris des mesures, élaboré et administré des questionnaires auprès des habitants. Ces moments riches en discussions et découvertes sont parmi les meilleurs que je garde du lycée. Lors d’une sortie, nous avions utilisé un pixi (appareil servant à prendre des photos aériennes et des mesures), à la suite d’un atterrissage plus ou moins raté je dois le dire, l’appareil est resté coincé en haut d’un arbre. C’est en allant le chercher que l’on réalise que toutes les matières sont liées : les sciences, l’EPS et la physique.